Les particules fines atmosphériques conviennent comme vecteur de transport pour de nombreuses impuretés chimiques et biologiques - en particulier les virus.Les virus - comme le coronavirus - se fixent sur les particules atmosphériques (solides et/ou liquides). Celles-ci restent dans l'atmosphère pendant des heures, des jours ou des semaines. Un virus peut ainsi se propager sur de longues distances. Les chercheurs italiens parlent de la pollution de l'air comme d'une sorte d'autoroute pour le coronavirus.
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Des études scientifiques sur la propagation des virus au sein de la population montrent qu'il existe un risque d'infection virale : La fréquence (incidence) des infections virales est en corrélation avec les concentrations de particules fines atmosphériques (p. ex. PM10, PM2,5). En 2016, on a par exemple observé une corrélation entre la propagation du virus syncytial (virus RS) chez les enfants et la concentration de particules. Ce virus provoque une pneumonie chez les enfants et est transporté profondément dans les poumons par les particules. Le taux de propagation de l'infection est lié aux concentrations de PM10 et de PM2,5.
Les particules fines agissent comme support - et comme substrat
Mais les particules fines n'ont pas seulement une fonction de support, elles servent également de substrat permettant au virus de rester viable dans l'air pendant des heures ou des jours. Le taux d'inactivation des virus dans ces particules dépend en grande partie des conditions environnementales : alors qu'une augmentation de la température et du rayonnement solaire a un effet positif sur le taux d'inactivation des virus, une humidité relative élevée peut favoriser un taux de propagation plus élevé du virus, c'est-à-dire sa virulence.
Ce lien général entre la pollution de l'air par les particules fines et la propagation de virus, comme le coronavirus, est désormais confirmé par les conclusions de chercheurs de la Société italienne de médecine environnementale (Sima), en collaboration avec les universités de Bari et de Bologne.
Les chercheurs ont comparé les données des autorités régionales de protection de l'environnement sur les dépassements des valeurs limites légales pour les particules fines (50 microgrammes par mètre cube de concentration moyenne journalière, plus sur les particules fines comme valeur limite en Allemagne) avec les cas de contamination par le coronavirus signalés par les autorités de protection civile.
Analyse de la propagation du coronavirus
L'analyse a révélé une relation entre les dépassements des limites légales de concentration de PM10 constatés entre le 10 et le 29 février et le nombre de cas infectés par le COVID-19, mis à jour au 3 mars (en tenant compte d'une période d'incubation de 14 jours).
"Plus il y a de particules fines, plus on crée d'autoroutes pour la contagion. Il est nécessaire de réduire les émissions au minimum, dans l'espoir d'une météorologie favorable". (Gianluigi de Gennaro, Université de Bari)
Selon les chercheurs, une "accélération anormale" s'est produite en particulier dans la plaine du Pô, au nord de l'Italie, qui a coïncidé deux semaines plus tard avec les plus fortes concentrations de particules atmosphériques. Les particules ont ainsi exercé une sorte d'effet de flottaison, une impulsion à la propagation virulente de l'épidémie.
"Les fortes concentrations de poussières détectées en février dans la plaine du Pô ont provoqué une accélération de la propagation du Covid-19. L'effet est plus visible dans les provinces où les premiers foyers sont apparus". (Leonardo Setti de l'Université de Bologne)
Dans un premier temps, les scientifiques ont publié un document de synthèse pour présenter leur hypothèse. La prochaine étape consistera à consolider les preuves dans une étude plus large. "En attendant, la concentration de particules fines pourrait en tout cas être considérée comme un indicateur possible ou un marqueur indirect de la virulence de l'épidémie de Covid-19. En outre, d'après les résultats de l'étude en cours, il se peut que la marge de sécurité actuelle ne soit pas suffisante partout pendant l'épidémie de coronavirus, notamment en cas de concentrations élevées de particules fines atmosphériques", a déclaré Allesandro Miani, président du Sima.
Selon les chercheurs, il est important d'améliorer activement la qualité de l'air à la maison en période de quarantaine et de couvre-feu. Miani recommande d'ouvrir les fenêtres plusieurs fois par jour pendant quelques minutes, car le mélange des gaz réduit le pourcentage de pollution. Les purificateurs d'air peuvent également apporter une aide décisive. Il est également conseillé d'éviter les activités qui génèrent des particules fines (conduire, fumer, faire un barbecue, etc.). En effet, dans les rues étroites du voisinage, les particules fines présentes peuvent être un multiplicateur de l'infection et augmenter le risque de contagion.
Le papier de position peut être téléchargé ici. Et dans cet article, nous nous sommes penchés sur la question de savoir si la pollution de l'air augmente le taux de décès par COVID-19.
Sources complémentaires :
(1) Ciencewicki J et al., 2007 "Air Pollution and Respiratory Viral Infection" Inhalation Toxicology, 19 : 1135-1146
(2) Sedlmaier N., et al., 2009 "Generation of avian influenza virus (AIV) contaminated fecal fine particulate matter (PM2.5) : Genome and infectivity detection and calculation of immission" Veterinary Microbiology 139, 156-164
(3) Ye Q., et al., 2016 "Haze is a risk factor contributing to the rapid spread of respiratory syncytial virus in children" Environ Science and Pollution Research, 23, 20178-20185
(Image : Unsplash / Bjorn Snelders)